ARPEC

Images de femmes et image de la femme dans le paléolithique européen
par Yanik LE GUILLOU

Où partir à la recherche de la femme du Paléolithique supérieur...

Quelle image en avons-nous ; quelle image en avaient-ils à l'époque ; quelle était sa place dans ce monde, sa place dans l'imaginaire, sa place dans la société, sa place dans le mythe, le rite, le magique ; quelle était sa place dans l'expression symbolique ; quelle était son apparence, sa constitution physique, sa parure, ses vêtements.

Trois voies parallèles sont utilisées dans cette quête...

Celle de l'assimilation culturelle avec notre propre vécu. Choisi ou inconscient, ce transfert d'analyses et de certitudes peut aisément devenir amalgame ou tendancieux.
Celle de la comparaison ethnographique qui propose des modèles et recherche des systématiques ou des tendances statistiques fortes, aspects qui sont alors transposés au Paléolithique européen.
Celle des données archéologiques qui, sans apporter forcément de réponses, valident parfois et invalident souvent.

Aujourd'hui, entre imposantes déesses-mères stéatopyges et princesses paléolithiques maquillées et en jupes courtes, l'archéologue peut-il apporter la matière permettant d'échapper à des transferts trop dominants.

Outre quelques données telle l'identification très discutée du sexe de certaines empreintes de mains, ou quelques rares sépultures où l'anthropologue sait identifier une femme, le préhistorien dispose d'un important catalogue d'images : statuettes, pierres et os gravés, parois de grottes ornées.

À quoi réfère ce catalogue d'images et que nous révèle-t-il...
Des représentations d'individus entiers verrouillées dans des contraintes thématiques et stylistiques qui ont perduré pendant des milliers d'années.
Des tracés de segments corporels, exclusivement triangles pubiens ou vulves, présents dans des grottes où leur situation impose de les lire associés à d'autres thèmes.

Un catalogue où les images qui s'affichent s'inscrivent dans une expression artistique dont nous ignorons bien des raisons d'être. Quelles sont les limites, les contraintes, les exclusions ainsi que les sélections qui ont affecté les choix thématiques liés à ces représentations féminines. Inscrit dans un art où les espaces de liberté paraissent très restreints, ce catalogue est un prisme très déformant.

Considérer que les images dont nous disposons sont représentatives de la femme paléolithique reviendrait à considérer que les animaux ornant les parois des grottes sont représentatifs du bestiaire de l'époque alors qu'ils se cantonnent principalement à quelques gros mammifères.

Que peut-on dire de la nudité, érigée en quasi constante ; que peut-on dire de la femme sexuelle, alors que jamais la moindre feuille de vigne ne laisse entrevoir d'interdit ; que peut-on dire de la femme mère, alors que l'enfant fait partie des thèmes absents dans l'art paléolithique ; Qu'en est-il de la femme génitrice, détentrice de pouvoirs de création ou symbole mythologique d'une genèse.

Et dans un autre ordre d'idées, qui partait à la chasse au bison, qui se levait la nuit pour calmer l'enfant qui pleure, ...