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"Roucadour l'art initial gravé" |
Des vestiges essentiellement rupestres [Retour à la page d'accueil] [Liste complète des articles...] Par Emmanuel Anati On connaît environ 500.000 vestiges d´art mobilier préhistorique provenant de fouilles archéologiques et de découvertes fortuites, conservés dans les musées et dans les collections d´une centaine de pays. Parmi eux près d´un cinquième ont plus de 10.000 ans. Toutefois d´un point de vue quantitatif, l´art rupestre constitue de loin la plus grande part de la production artistique des peuples sans écriture. Des millions et des millions d´images sont aujourd´hui documentées dans environ 70.000 sites, sur les roches à l´air libre et dans les grottes de 160 pays. Dans le monde tribal des différents continents, les oeuvres d´art se comptent probablement par millions. D´innombrables oeuvres d´art tribal ont été réunies au cours des deux derniers siècles et sont désormais conservées dans des musées et des collections. Elles sont pour la plupart réalisées en matériaux organiques et périssables - comme les masques, les statuettes d´esprits et d´ancêtres en bois, les peintures sur écorce, les poteaux totémiques-, mais certaines le sont sur des matériaux plus durables- peintures et gravures sur pierre, statues en pierre, objets en ivoire, en os, en coquillage, etc. Que révèle donc de l´essence même de l´homme cette extraordinaire prolifération d´art visuel ? Le Val Camonica Quand on évoque l´art préhistorique , c´est souvent d´art visuel que l´on veut parler, bien que l´on sache pertinemment que même les peuples les plus «primitifs » du point de vue technologique, tout en produisant de l´art visuel, s´exprimaient aussi et s´expriment encore par la musique, la dans, la mimique et la poésie. Ils pratiquent l´art de l´éloquence, l´art de bouger, de décorer leur corps, de susciter l´intérêt de l´attraction sociale et d´extériorisation auxquels nous n´avons pas accès pour ce qui concerne les âges préhistoriques, l´archéologie ne permettant pour l´heure de mettre autour que ce qui a laissé des traces physiques identifiables La pierre est le meilleur support naturel pour recevoir les signes de l´homme. C´est le matériau le plus répandu et celui qui se conserve le mieux. Pourtant, et cela peut paraître contradictoire, la principale matière première utilisée par l´homme de l´âge de la pierre était le bois, à l´exception bien sûr, des populations habitant des déserts ou des régions arctiques, où le bois est et était bien plus rare que la pierre. Nous savons que l´homme préhistorique avait aussi l´habitude de laisser ses empreintes et de tracer des signes sur la boue et sur le sable, et ce non seulement dans les grottes, où ces signes ont été conservés, mais certainement aussi à l´air libre, comme le font aujourd´hui encore de nombreuses populations tribales. Dans ce dernier cas, cependant, les oeuvres ont rapidement été effacées par les intempéries. Le Val Camonica L´art jouait le rôle de l´écriture avant que celle-ci n´apparaisse : il était un moyen de mémoriser et de transmettre des messages et des idées. De nombreux sites où l´on produit et utilise l´art - chez les Bochimans d´Afrique du Sud, les Aborigènes d´Australie ou d´autres peuples chasseurs de l´époque historique- sont aussi des lieux d´initiation, d´information, d´éducation et de socialisation. Il est très probable que les grands centres de créativité artistique de la préhistoire avaient une fonction semblable. L´économie complexe et l´agriculture se sont développées au cours des 12 000 dernières années. Les peuples dont le style de vie est encore lié à la chasse et à la cueillette des fruits spontanés sont aujourd´hui relégués dans quelques régions marginales de notre planète : les forêts du Congo et de l´Amazonie, le Grand Nord canadien ou les déserts de l´Australie centrale. Ils représentent les derniers peuples « paléolithiques », porteurs de messages primordiaux de notre espèce. (p.21) « Aux origines de l´art », 50 000 ans d´art préhistorique et tribal. Emmanuel Anati. Préface Yves Coppens. Edit. Fayard 2003 |